9.6.13

[Interview] Marion Torrent nous parle du sport féminin !

Enfin on parle de sport féminin, que ce soit grâce aux exploits de l'équipe de France de Basket Féminin ou à ceux des Lyonnaises en foot, mais aussi à la suite des débats Sporsora consacrés au Sport féminin accompagnés de la parution de l'étude ci-dessous "3 idées reçues sur le sport féminin", le principal c'est qu'on en parle !

Voici ce que dit Havas sur son blog :

"Tandis qu’en 2012 plus de 80% des montants investis par les 100 premiers sponsors en France concernaient le sport masculin, seuls 3% de ces investissements concernaient le sport féminin, la différence représentant des investissements « mixtes » comme Roland Garros. Cette disproportion reflète-t-elle  la valeur réelle qu’aurait aujourd’hui à offrir le sport féminin à des investisseurs ?


Avec la Chaire de Marketing Sportif de l’Essec nous avons mené une étude avec comme objectif d’analyser le potentiel marketing du sport féminin, car, à y regarder de plus près, certaines idées reçues n’ont finalement pas lieu d’être."

J'en ai donc profité pour demander son avis à une personne directement concernée.


Marion Torrent, joueuse au MHSC, a répondu à mes questions et nous donne son avis sur le sujet, voici l'interview :

[The Girl next Sport] Bonjour Marion ! Tout d’abord, merci de prendre le temps de répondre à mes petites questions pour The Girl next Sport. Dans un premier temps, pourrais-tu te présenter et nous expliquer comment tu es arrivée dans le monde du foot ?

[Marion Torrent] Bonjour, je m’appelle Marion Torrent, je suis née à Châlons en Champagne le 17 avril 1992, je suis actuellement joueuse et sous contrat fédéral au Montpellier Hérault Sport Club où j’évolue en 1ère division féminine. Ma passion pour le football vient de la finale de la coupe du monde 98 et de la victoire de l’équipe de France. Mon père et mon frère jouaient au foot. Mon père entraînait également  donc j’ai baigné très jeune dans ce milieu. J’ai eu ma 1ère licence en débutante, à 6 ans, dans le club du C.O Châlons.

[The Girl next Sport] « 3% des montants investis par les 100 plus grands sponsors français vont au sport féminin ». Pour toi que signifie ce chiffre ? Crois tu possible qu’un jour ce chiffre soit de 50%, moitié pour le sport féminin, moitié pour le sport masculin ? 

[Marion Torrent] Ce chiffre signifie pour moi qu’on est encore loin d’avoir la parité homme/femme en France et que la plupart des sponsors ne font pas encore vraiment confiance aux femmes dans le milieu sportif pour promouvoir leurs marques. Je ne crois pas qu’un jour l’équité totale existera dans le sport en France (contrairement aux pays scandinaves par exemple) car nous sommes un pays latin et donc un peu machiste mais j’espère bien que l’écart diminuera et que les sponsors verront à travers le sport féminin, un nouveau créneau à développer.

[The Girl next Sport] Pour revenir sur les idées reçues et l’étude d’Havas, quels sont les clichés que tu entends le plus à propos du sport féminin ? Et que fais-tu pour faire changer ces clichés ? 

[Marion Torrent] Quand je jouais en catégorie poussine ou benjamine, en mixité, dans le club de Luynes Sports (Aix-en-Provence) j’ai souvent entendu les parents des nouveaux joueurs intégrant notre équipe s’écrier " il n’y a pas assez de joueurs dans la région que vous prenez des filles pour compléter ? " ou encore les parents des équipes adverses rigoler en se disant "ça va être tranquille, il y a une fille dans l’équipe..." ; paroles prononcées avant le match mais vite regrettées à la fin ! À tout âge, en mixité, il a fallu que je prouve que j’avais au moins le même niveau que les garçons pour ne plus entendre ce genre de phrases.

Plus tard, en U13 au M.H.S.C.  nous étions une équipe de filles en championnat ‘garçons’ et les moqueries allaient aussi bon train. En adulte, les réflexions tournaient plutôt autour du fait qu’une joueuse de football ne pouvait pas bien jouer et rester féminine, et "forcement si on jouait au foot on devait être un garçon manqué".

Bien modestement il y a un an, j’ai entrepris de faire quelques vidéos postées sur YouTube (environ 450 000 vues), dans lesquelles je m’efforçais de tenter et de réussir des gestes techniques du football en y mettant une pointe d’humour et de féminité. Le but étant de montrer aux réfractaires qu’on pouvait être une fille et se débrouiller au football. Evidemment il y a eu quelques remarques machos mais dans l’ensemble les personnes ont été plutôt intéressées.

J’ai ouvert aussi à cette période en même temps que mon site Internet, un compte Facebook dans lequel je tente de faire partager aux personnes qui me suivent ma passion du football. D’après les nombreux commentaires et marques de sympathie que je reçois et leur intérêt au quotidien, je pense qu’à mon petit niveau, je contribue un peu à la promotion du football féminin. Enfin j’espère... en tous cas c’est le but.

Pour voir les vidéos dont Marion parle c'est par ici sur sa chaîne YouTube :)


[The Girl next Sport] Pour toi, quels sont les arguments qui pourraient convaincre les sponsors d'investir davantage dans le foot féminin  ?

[Marion Torrent] Le football chez les filles est resté un jeu et non une sorte de business. Nous prenons beaucoup de plaisir à le pratiquer, et donc il y a peu de temps morts, d’arrêts de jeu, de simulations, de tricheries et par conséquent plus de visibilité.
Nous sommes aussi très disponibles pour nos supporters.

Avec les filles, vous avez l’assurance d’avoir de la qualité, de l’esthétisme, de la technique, de l’intensité, de la passion, du plaisir, du beau jeu et aussi du fair-play, donc une belle image. Quels sponsors ne seraient pas ravis de collaborer avec nous ? (je plaisante)

[The Girl next Sport] Tu es l’une des footballeuses les plus actives sur les réseaux sociaux, penses-tu que c’est important pour les sponsors d’avoir une communauté importante ? Que t’apporte cette présence ? 

[Marion Torrent] Oui, je le pense ! Plus vous intéressez les gens, plus vous êtes proches d’eux, et plus ils vous rejoignent ... et plus il y a de personnes qui vous suivent, plus vous pouvez faire "passer un message". J’en profite d’ailleurs pour lancer un appel aux sponsors qui voudraient me faire confiance :)

Pour ma part j’aime la proximité des gens qui vivent à travers moi un peu de mon quotidien footballistique. Beaucoup ne peuvent venir aux matchs donc je tente de leur faire vivre mes rencontres, mes émotions, et je les tiens un peu au courant aussi de l’actualité du football féminin. Je fais cela en toute simplicité car il y a déjà quelques sites Internet qui font bien ce travail. Parfois, ça crée un peu de jalousie aussi, mais bon, tout ce qui est nouveau est sujet à la critique ...

[The Girl next Sport] Un dernier petit mot pour conclure ? 

[Marion Torrent] J’espère que les mentalités vont changer ! Les filles jouent pour le plaisir car la grande majorité des filles de D1 féminine ne vivent pas de leur passion. Alors un petit coup de pouce des médias (qui, quand même, depuis deux ans couvrent bien plus le foot féminin) et surtout des sponsors serait le bienvenue... On galère souvent entre études, petits boulots et plusieurs entraînements dans la semaine alors s’ils voulaient bien regarder un peu dans notre direction, ça nous aiderait beaucoup !

Merci beaucoup Marion d'avoir pris le temps de répondre à mes questions et surtout on est toutes -et tous- avec toi ! J'encourage les sponsors à faire confiance aux filles, un peu de prise de risque ne ferait pas de mal dans le sport business :) 

Et vous pouvez donc retrouver Marion sur Facebook mais également sur son site internet !

Pour terminer voici l'étude d'Havas en question :



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